La nuit était calme. Jusqu’à là en tout cas. Il avait tiré dans la tête de trois zombies depuis le début de sa garde mais c’était plus par prévention qu’autre chose. Ils n’étaient pas « dangereux » à la distance où ils étaient. Mais il aimait tirer. Il aimait se rendre utile. C’était parfois une obsession pour lui. En se rendant utile, ils ne se débarrasseront pas de lui. Ils réfléchiront à deux fois avant de l’abandonner… Ce qui s’était passé avec sa sœur… ne se reproduirait pas. Il soupira. Il ne fallait pas qu’il pense à ça. Déjà, l’émotion trop forte qui montait en lui commençait à faire vibrer son corps. Il étouffa un petit rire. Il fallait qu’il arrête de rire dès que les choses devenaient… trop… trop tristes, trop terrifiantes, trop lourdes,… il fallait qu’il se contrôle. Sinon jamais personne ne le prendrait pour quelqu’un de sain d’esprit. S’il l’était… il commençait lui-même à douter dans ses heures les plus sombres. Mais pas là, là, il servait le camp et rien d’autres ne comptait. Il avait les yeux rivés sur l’étendu par-delà le mur. Il aurait bien pris un comics pour passer le temps plus vite… sauf qu’il savait très bien ce qui se passerait s’il faisait ça… Il se prendrait trop dans l’histoire qu’il lirait et oublierait complètement de faire le guet ! Il oubliait tout lorsqu’il se plongeait dans ce genre de fictions. C’était sa petite bulle qu’il partageait seulement à des rares personnes… Hoo Jo, Koshi… enfin, ses amis qui aimaient les mêmes choses que lui en gros. Si quelqu’un lui demandait d’emprunter ses trésors, il dirait sûrement oui… le cœur déchiré, mais il dirait oui. Il était le genre à plier l’échine et à tout accepter. Trop gentil ? Peut-être. Il sursauta en entendant son nom. Il jeta frénétiquement son regard partout à l’extérieur. Une de ses connaissances étaient boquées à l’extérieur ?! Cela ne lui était jamais arrivé pendant une de ses gardes et il espérait que cela ne se passe jamais… car il ne saurait pas quoi faire dans ce genre de cas. Il savait que le « protocole » lui disait de ne surtout pas ouvrir les portes… mais… laisser un vivant… parmi les Rôdeurs alors qu’ouvrir les portes juste quelques secondes pourrait lui sauver la vie… Il ne pourrait certainement pas s’y résoudre, quitte à vider tous ses chargeurs pour éviter le pire.

Il devait avoir rêver, il ne voyait rien. Tant mieux, il préférait imaginer que quelqu’un était en danger plutôt que ce soit la réalité… même si cela voulait dire qu’il s’enfonçait un peu plus dans la folie. Il laissa s’échapper un rire sec, incapable de se retenir cette fois. Il allait se rasseoir et continuer tranquillement sa garde lorsque du coin de l’œil, il vit quelque chose bouger en bas… mais entre les murs. Il se tourna complètement pour y accorder plus d’attention. Tae Shi… ? Qu’est-ce qu’il faisait là ? Il doutait qu’il aille soudain décider de devenir Soldat pour le camp… « Tae ? Hein ? Quoi ? Des rôdeurs, chez toi ? » Qu’est-ce qu’il lui racontait ?! Il descendit vite de sa « tour », interloqué. Il arriva en face du plus vieux un peu essoufflé. Il jeta vite un coup d’œil à sa montre – en retard de 32 minutes exactement et impossible à régler… - sa garde finissait dans dix minutes… « T’as le temps de m’expliquer ce qui se passe avant que je sois libéré… » Il se mit à inspecter son camarade sous toutes les coutures, tentant de s’assurer qu’aucune morsure n’était présente. « Tu as été mordu ? Griffé ? Ils sont entrés comment ?! » S’il y avait une brèche quelque part, il devait vite sonner l’alerte. Il se mordit la joue intérieure violemment pour ne pas rire. Il ne fallait pas. Ce n’était pas un moment « normal » pour rire.

Il poussa un sourire de soulagement en remarquant que tout allait bien pour Tae Shi… Mais il referma vite la bouche en sentant un rire monter. Il voulait paraître classe… sain d’esprit devant son ami. Cela pouvait tout gâcher s’il laissait son problème remonter à la surface. C’était une inquiétude constante pour lui… tant de personnes le prenaient déjà pour un fou ou un psychopathe… il ne voulait pas allonger la liste, surtout pas avec les gens qu’il appréciait. Il pouvait voir que Tae Shi était complètement chamboulé. « Non, j’aurais déclaré l’alerte tout de suite si j’avais vu ce genre de choses ! » Evidemment. Sans compter qu’il aurait gardé son poste pour sniper les rôdeurs jusqu’à ce qu’il n’en reste plus un seul. Lorsqu’il prenait son tour de garde, il était le plus sérieux de soldat – si on enlève son problème – il aime servir l’intérêt commun du camp, il ne serait jamais amusé à faire prendre un tel danger aux autres ! « Mais… peut-être que quelqu’un est décédé à l’intérieur du camp… et a infecté d’autres personnes… » Ce n’était pas impossible. En un an, Blue avait déjà dû sniper un homme décédé de cause naturel à l’intérieur des murs avant qu’il n’aille apeurer et mordre tout le monde. C’était ça maintenant « le cycle de la vie ». Du coin de l’œil, il repéra un collègue, celui qui devait le relever de sa garde… Il lui vit un signe de la main. Tout était okay, il pouvait quitter son poste désormais.

« C’est bon, je peux y aller… Reste prêt de moi. » Il n’attendit pas une seconde avant de partir en direction du logement de Tae Shi en vérifiant que ce dernier le suive de près. Au moindre problème, il pourrait le défendre. En cas de rôdeurs dans les murs, il cria pour le signaler à d’autres soldats pour qu’ils lancent eu l’alerte générale. Mais… même en étant crédule, il savait comme s’était vite fait de croire à un zombie alors que ce n’était que du vent… Il avait lui-même ce genre de sueur froide lorsqu’il se retrouvait seul. Il courrait dans les rues du camp, faisant tout de même attention de ne pas faire de bruits. Il voulait éviter de réveiller – et donc d’affoler – les autres. S’il n’y avait qu’un rôdeur ou deux, il pouvait facilement gérer cela… en riant peut-être mais il y avait peu de risques que ça dérape. S’il n’arrivait pas trop tard. Il arriva enfin à la maison numéro une, là où Tae Shi habitait. Rien ne semblait étrange… si ce n’était la porte que son ami avait dû laisser ouverte en partant précipitamment. C’est en se retournant vers ce dernier pour lui faire signe qu’il allait entrer qu’il remarqua que Tae Shi… avait une poêle à la main ?! « C’est quoi… ça ? » Il lâcha un rire autant à cause de son syndrome que son incrédulité, pour une fois. Cela lui permit de relâcher un peu la pression sans faire trop… cinglé… juste un peu léger pour une telle situation. « Si tu veux exploser le crâne d’un rôdeur avec ça… faut frapper fort… » Ce n’était pas très gentil de douter de la force musculaire de son ami… mais en même temps, Tae Shi n’était connu pour être très… enfin, vous voyez. Il y avait une raison pour laquelle il ne faisait pas partie des Hunters ou des Soldats.