Les cheveux cachent la vérité. Celle d’une cicatrice. Petite mais mal positionnée. Cette blessure qu’il lui a valu son amnésie il y a déjà plusieurs années. Il a dû recevoir un gros coup sur le crâne pour avoir de tels effets dévastateurs. De sa vie d’avant ? Il ne se souvient de rien. Ses seuls indices, ses maigres possessions. Les vêtements qu’il a sur lui et un sac qui a déjà dû être pillé par d’autres survivants. Ajouté à cela, le fait que sa langue maternelle semble être le mandarin… même s’il reste plus que fluant en coréen. Des cicatrices ? A part celle à son crâne, il en a. Trop pour pouvoir les compter. Des petites et des plus grandes… mais en même temps, dans le monde d’aujourd’hui, qui n’en a pas ? C’est la mode sexy de ce nouveau monde.

Dans sa vie, sa seule certitude porte un nom. Bae Ho Joo. Il l’a trouvé dans une fâcheuse posture il y a deux ans. Il était inconscient alors qui venait de recevoir son coup sur le crâne. Se réveiller amnésique… avec une forte douleur à la tête… il ne s’en souvenait pas mais il était certain d’avoir connu des jours meilleurs. Il y avait une personne en face de lui. Un géant avec un air d’abruti. Il posa des questions. Où ils étaient… qui il était… qu’est-ce qui était arrivé… Et visiblement, le gars ne le connaissait pas. Il n’arrivait pas à paniquer. Comme si ses émotions étaient figées… et peut-être était-ce pour le mieux.

Pourquoi après cela avait-il suivi Ho Joo ? Simplement parce qu’il ne savait pas quoi faire d’autre. Il avait besoin d’un objectif, un ancrage dans sa vie qui ressemblait cruellement à une page blanche. Il se rendit vite compte qu’il crevait de faim. La première source de nourriture qu’ils ont trouvée ? Un prunier. Il devait vite se rendre à l’évidence, il adorait les prunes. Au point de se faire nommer Méi… qui veut dire prune en mandarin. Car c’était plus pratique pour se parler que « eh, toi ! ». Pour le nom de famille, Bae ferait l’affaire, comme pour Ho Joo. Il était la première personne qui hantait ses souvenirs… cela était bien l’équivalent d’être de la même famille, n’est-ce pas ? C’est comme cela que ça marchait pour Méi. Et de toute façon… il allait bientôt retrouver sa mémoire, non ? Non. Même aujourd’hui il n’a pas une bribe.


Après dix-sept mois à bourlinguer d’un coin à l’autre avec Ho Joo… le camp lui donne un goût de surréel. Il aime la paix qu’il y règne… mais parfois, les murs l’étouffent et il panique. Il doit sortir. Il a besoin d’air même si cela signifie se créer un chemin parmi les rôdeurs. Il se sent presque trop sauvage pour une vie si… civile… Il a passé tant de temps au dehors que c’est dur de revenir dans une certaine normalité. Surtout qu’il ne se souvient pas de ce qu’il a vécu « avant » toute cette histoire de zombies. Son rôle d’hunter lui permet de s’échapper, de revivre en duo avec Ho Joo comme avant. Aussi cinglé que cela puisse paraître, cela le calme… alors qu’il est entouré de danger mortel.

Sur le terrain, il ne doute pas. Sa plus grande force ? Sa rapidité. Il assène les coups presque instinctivement. Il sait les endroits à viser. Il sait comment utiliser le terrain à son avantage. Son habilité à manier son arme est assassine. Il ne faut pas se fier à son attitude nonchalante voir flemmarde dans le camp. Il ne laissera pas sa survie au hasard. Lorsque Ho Joo est à ses côtés, cela ne fait que décupler sa puissance d’attaques. Ils sont en harmonie. Ils ont à peine besoin de quelques mots pour se comprendre. Ils ont passé dix-sept mois ensembles avant le camp, survivre, c’était leur quotidien. La moindre erreur aurait pu être fatale.