wish we could turn back time, to the goold old days... when our mommas sang us to sleep but now we're stressed out ;il courait, il ne savait même pas depuis combien de temps. il lui semblait que des heures étaient passées, la nuit entière peut-être. oui, il allait certainement apercevoir le soleil se lever, bientôt.... son souffle brûlant lui faisait mal aux poumons, la sueur perlait à son front. il ne sentait plus ses jambes depuis bien longtemps. mais il ne pouvait pas s'arrêter maintenant, puisque son frère semblait loin d'être aussi épuisé que lui.
jay... pourquoi on fuit ?celui-ci ne prit pas la peine de se retourner. il lui empoigna l'avant-bras, le tirant de toute ses forces près de lui. son regard était poignant, il coupait le souffle du plus jeune, qui se sentait tellement perdu sans son grand frère...
heureusement qu'il est toujours là pour moi pensa-t-il.
il le sera pour toute la vie.écoute-moi bien. il faut partir loin, le plus loin possible. et surtout, ne regarde que moi, ne suis que moi, reste aussi près que tu le peux.son ton froid, dur, surprit kayden, qui ne put s'empêcher de tressaillir. il ne comprenait rien à ce qu'il se passait autour de lui, tout semblait si différent d'auparavant... il ne comprenait pas pourquoi ils devaient faire tout ça, ils ne comprenaient pas pourquoi ils avaient laissé leur mère malade, et...
ne t'inquiète pas... je vais te protéger.dès lors qu'il entendit ces mots, il se sentit mieux, il oublia toutes les mauvaises choses qui l'entouraient. il était avec jayson, et c'était la seule chose qui comptait, pour le moment. parce qu'il était sa plus chère famille, et la personne qu'il aimait le plus au monde.
les deux jeunes hommes s'étaient installés en corée du sud peu de temps avant l'infection de la capitale. ils avaient passé leur enfance en inde : jayson travaillait dur en compagnie de sa mère, pour que kayden puisse, lui, préserver sa santé fragile. ils avaient entendu que leur paternel venait de séoul, mais celui-ci était absent, apparemment accaparé par des problèmes plus importants que ce qui concernait sa propre famille. il envoyait de l'argent tous les mois à la petite famille, leur permettant de garder un niveau de vie qui ne basculait pas dans la misère totale. mais la pauvreté habitait tout de même le logis : les murs étaient bancals, le bois des meubles rongé par l'humidité des nuits.
jayson, rempli d'amertume, ne voyait en son père qu'un sale égoïste qui n'assumait pas d'avoir fait des enfants à une indienne dont le salaire mensuel ne dépassait pas ses dépenses hebdomadaires.
puis, un jour, il s'était manifesté. tout d'un coup, il avait appelé, et quelques semaines plus tard, toute la famille était réunie, dans un appartement de séoul. kayden ne comprit jamais ce qui avait valu ce brusque changement de comportement, toujours est-il qu'il ne lui en voulait pas. en fait, il ne s'était pas posé beaucoup de questions.
puis, au bout d'un mois à peine, d'une vie raisonnable, la mère tomba malade.
quelque chose de grave. et c'était tout ce qu'il savait. c'était grave, et ça ne se soignait pas. il voulut aller le voir, passer du temps à son chevet : on lui interdit.
et à présent, voilà qu'ils couraient, lui et son frère, fuyant ce monde qui semblait lentement sombrer dans le désordre le plus total : et c'était avec étonnement que kayden regardait autour de lui, ses muscles s'engourdissant. il n'avait pas revu sa génitrice depuis trois jours. il avait peur.
et comme d'habitude, jayson le gardait dans une autarcie la plus complète, le préservait en pensant juste à le protéger, l'empêchait de comprendre, lui bouchait les oreilles aux échos des cris, lui couvrait les yeux à la vue du sang.
- - -
kayden, ce n'est qu'ignorance. au sens large du terme : éducation bancale, apprentissage des principes de base erroné, instinct de survie inexistant.
kayden, c'est un jeune homme tellement innocent qu'on penserait qu'il n'est jamais sorti de l'enfance ; incapable de voir ce qu'il ne veut pas voir, incapable de comprendre ce qu'il ne veut pas comprendre. inconsciemment, il se ferme au monde autour de lui, trop dur pour lui être moralement acceptable.
kayden, il est terrifié, et pourtant, il n'a rien vu : constamment surprotégé par son frère, constamment laissé de côté aux secrets sombres qui font partie de ce qu'on appelle la réalité ; il a frôlé la mort plusieurs fois sans le savoir, alors qu'ils fuyaient le domaine familial, alors que sa mère avait fini par succomber au virus qui avait fait d'elle un monstre.
kayden est si sensible, si vulnérable, à n'avoir jamais eu besoin de se heurter à la vérité, qu'il serait si facilement brisé en morceaux. c'est pour ça qu'il accorde une confiance aveugle à son frère, c'est pour ça qu'il ne se rend pas compte à quel point il en est dépendant, c'est pour ça qu'il a besoin de lui presque comme d'une drogue.
kayden est perdu, et, telle une marionnette sur laquelle serait dessiné un sourire, il se mure dans une indifférence troublante, qui fait de lui un simple pantin ballotté par le drame qui se déroule, lentement...