• Day Zero - 2009Il a retentit. Ce son, de mauvais augure. Ce bruit oublié, ce fameux bruit dont on était persuadé de ne plus jamais entendre, car le temps de la guerre est révolu. Ce n’est pas le roucoulement du coq qu’elle a entendu ce matin, mais le déchirement d’une alarme angoissante. Oui, cette alarme qui diffuse son cri à des kilomètres à la ronde. Et c’est le ventre noué qu’Eun Shi se réveilla au premier jour de la déchéance de son monde.
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► THE STRUGGLE FOR LIFE ; 2009La panique contamine chacun d’entre nous. Il suffit d’un regard, d’une voix qui déraille, ou encore d’un manque cruel d’assurance dans son discours pour amener les autres à craindre l’inconnu, à redouter l’incontrôlable. Et lorsque l’on tombe dans cet engrenage, on se raccroche à n’importe quoi, si bien qu’on ne puisse pas couler. Les médias furent le parfait conduit pour véhiculer cette aliénation : un virus létal qui décime la population en la transformant en cannibale. ; Les plus cartésiens ont eu la chance de s’informer par le biais de la télévision, d’anticiper la catastrophe et de commencer à fuir, mais pas Eun Shi. Alors qu’elle rentrait d’une sortie à vélo, elle eut l’horrible surprise de voir son père en train de dévorer les entrailles de sa mère. Tétanisée, par cette vision d’horreur, c’est son petit ami qui passant par-là dû la traîner hors de la maison.
L’abandon. La perte. L’étranglement de l’amour évaporé pour ses parents, aliénée par cette scène choquante. Peut-être est-ce tout cela qui a ouvert une brèche dans le cœur d’Eun Shi. Quelque chose a ouvert son cœur vers cette peine infime qui s’est logée discrètement.
► THE LOST ; 2012Affronter le monde hostile aux côtés de son petit ami fut difficile, mais rapidement elle s’en accommoda. Dormir à couvert ou à la belle étoile, peu lui importait. Elle ne pouvait que se réjouir de fermer les yeux et de les rouvrir pour un nouveau jour. Avec lui, elle ne pouvait qu’être plus forte, à deux, ils ont su survivre et surmonter les obstacles qui se sont dressés sur leur chemin. Ils ne dormaient jamais plus de deux nuits au même endroit, et le ravitaillement des provisions se faisaient tous les trois jours environ. Une organisation pour survivre, un cheminement pour retarder la mort.
Elle qui pensait ne plus avoir de raison pour préserver son cœur en battement. Il a su lui prouver qu’elle n’avait plus à s’inquiéter. Se blottir dans ses bras est sécurisant, car lorsque le monde autour d’eux s’écroule, tout ce qu’ils ont à faire est de s’accrocher. Elle a pris sa main, et il l’a ramené dans un monde où la passion n’est pas morte. Elle pouvait risquer tout si c’était pour lui. Chaque nuit, il lui chuchotait que ce n’était pas son heure, et qu’elle ne devait pas abandonner ce monde.
Alors elle s’est levée. Alors elle s’est réveillée. Alors elle n’a jamais abandonnée.Et pourtant dans cette passion trop ardente, Eun Shi s’y est brûlé les ailes. Elle qui avait toujours trouvé que c’était trop banal d’être sentimentale, son cœur fragile a succombé à cette idylle, mais qui vira rapidement au noir. Sa vie est devenue tout simplement ingérable. Et elle aurait aimé que jamais il n’en fasse partie. ; C’est durant l’une des missions de ravitaillement que son cœur se brisa définitivement. Alors que leur rafle se terminait sans encombre dans un bâtiment vétuste, en quittant le lieu ils tombèrent sur une mini horde de zombie. Eun Shi vit son petit ami se faire partiellement dévorer la jambe par deux zombies avant de chuter au sol. Alors qu’elle faisait demi-tour pour lui porter secours, ce dernier referma la porte vitrée empêchant la jeune femme de rentrer. Il se fit manger sous ses yeux, alors qu’il lui hurlait de s’enfuir le plus loin possible.
Et c’est ce qu’elle fit.► THE PAIN ; 2015Souffrance, déchirement.
La rupture mortuaire n’a pas été l’élément déclencheur de la souffrance d’Eun Shi, mais ce sont plutôt les actes antérieurs. Chaque jour est un renouveau. Hier, elle était une jeune femme un peu plus normale. Mais le lendemain, l’horreur s’est nichée au creux de son sein. Elle ignore ce qu’il se passe en elle, mais une chose est sûre : elle sait que c’est mauvais. Perdition. A bout de souffle, Eun Shi vomit la douleur et fuit l’horreur. Et c’est dans une fascination presque morbide qu’elle comprend qu’elle se laisse couler dans le vacarme de ses idées noires. Chaque jour est une torture. Chaque jour brise sa vie, à trop y penser. Corps occupé par cette noirceur, Eun Shi se dégoûte de porter l’horreur, d’accoucher la peur. Seule, elle crève de l’intérieur et se détériore de l’extérieur. Comme un cadavre au sol, l’instant la frôle. Son affliction est un stigmate qui s’appose sur son esprit brisé. Scande la terreur. ; L’horrible fardeau sur ses épaules, elle extermine chacune des bêtes sur son passage alors qu’elle avance en solitaire. Elle vit en retrait, cachée sous un capuchon, il lui arrive de croiser certains groupes d’individus, de loin. Mais sa crainte de la perte est telle qu’elle est restée seule à errer pendant quelques années avant d’entendre parler d’un camp dans lequel elle décide de se rendre.
Le cœur lourd, elle jette son sac à bandoulière sur son épaule avant de se mettre en route vers ce fameux camp.