► PETIT MAIS INSOUMIS

Toutes les histoires commencent pareil, rien de nouveau … On pourrait commencer son histoire par « Il était une fois » que ça serait tout aussi cliché. Une maman, un papa et un bébé. Le bonheur. La joie. L'amour. Et puis bébé grandit, petite sœur arrive. Toujours le même refrain. Le bonheur. La joie. L'amour. Et doucement tout ça s'écroule. Les disputent éclatent, le couple se sépare et Hyuk Jae se retrouve seul avec sa mère. Quand on a dix ans, le divorce est quelque chose que l'on peut plus ou moins comprendre et accepté. Tout ça ne froissa pas trop l'enfant qu'il était, mais le plus difficile était d'être séparé de sa sœur. Après tout, les divorces c'était aussi fréquent que d'aller acheter son pain. Il ne se plaignait pas, il restait le petit garçon sage et bien éduqué qu'il avait été jusque là. Seulement sa sœur lui manquait. Il n'en parlait pas, mais le manque était là, le trou était grand et l'absence trop présente. Et l'histoire recommença.

Sa mère rencontra quelqu'un, il ne s'y opposa pas. Ils déménagèrent de Busan vers Séoul, il ne s'y opposa pas. L'homme avait une fille, il l'accepta. Pendant tout ce temps, c'était comme si Hyuk Jae était simple spectateur de sa vie. Il ne savait pas vraiment quoi en faire. Il ne savait pas ce qu'il aimait vraiment. Il ne savait pas ce qu'il détestait. Il se contentait de laisser couler, de tout laisser couler. Il était toujours d'une compagnie très agréable, toujours disponible et à l'écoute, mais on sentait que quelque part il manquait quelque chose. Il n'y avait pas de détermination ou de motivation dans ce petit corps qu'était le sien. Mais pourquoi s'inquiéter vraiment, Séoul était une grande ville et il y avait des problèmes plus importants. De toute évidence, Hyuk Jae se rendit compte de ça grâce à l'école. Le nouveau, la bête de foire … Le nain. Il n'avait jamais été complexé par sa taille avant de rentrer dans cette nouvelle école. Les enfants à Séoul était particulièrement méchant, et sa petite taille faisait de lui une proie facile pour qui voulait se défouler. C'est à cette période qu'il se réveilla. Hyuk Jae s'affirma enfin. Ce n'était pas parce qu'il était plus petit que la moyenne, qu'il tapait moins fort. Si on le cherchait, il ripostait. Sa taille ne faisait pas de lui quelqu'un d'inférieur et il était bien décidé à le faire comprendre à ses camarades. Il revenait de plus en plus souvent amoché à la maison, sa mère lui faisait des remarques, son beau-père prenant son parti – à sa plus grande surprise. Les bleus, les blessures, ce n'était rien tant qu'il arrivait à prouver qu'il était fort, parce qu'il l'était. La fille de son beau-père, plus âgée de 3 ans, s'occupait de lui régulièrement. Elle qui rêvait d'être médecin, elle avait un beau cobaye pour se préparer …

► PAS GRAND MAIS SURPRENANT

Finalement l'information éclate. Le virus. La panique. Les quatre décident de suivre la majorité des habitants, de se déplacer vers les zones moins peuplées pour essayer d'échapper à ça. Et ça marche pendant un temps. Et petit à petit, tout le monde tombait comme des mouches. Les voisins d'abord, qu'ils avaient décidé de prendre avec eux pour ne pas être seuls. Et puis le beau-père de Hyuk Jae fut également une victime. Sa mère était dévastée, au même titre que sa belle-sœur. Lui ne savait pas quoi faire. Il s'est contenté de voir quelqu'un d'autre achevé le pauvre homme. Le déclic se fit encore une fois. Il n'avait pas été une victime au lycée, il n'en serait pas une maintenant. Il attrapa un marteau qu'il trouva dans le garage d'une maison qu'ils squattaient pour le moment, et prit la décision de se battre. A chaque nouvelle menace, le petit groupe qu'ils étaient se déplaçait toujours plus au nord. Chaque expédition leur faisait perdre des membres du groupe, mais c'était une perte nécessaire. Hyuk Jae avait finalement pris sa revanche sur la vie. Si sa petite taille avait été un handicap dans la société normale, dans ce monde qui tombait en ruine, c'était un avantage considérable. Il était facile de se faufiler, de se cacher. Chercher des provisions étaient devenue son quotidien et il en était fier. Épanoui presque. Personne ne s'attendait à ce qu'il puisse être aussi utile à leur groupe, mais Hyuk Jae était plein de surprises et de ressources. Malheureusement, avec tout le mal qu'il se donnait, il ne put pas non plus protéger sa mère et sa belle-sœur. Il avait beau être fort, il n'était pas présent sur tous les fronts, et ce qui devait arriver arriva. Il était fort, physiquement et psychologiquement, mais il ne put pas se résoudre à achever ceux qui étaient devenus sa famille. Il se contenta de partir, toujours plus loin, suivant la rumeur de ce camps en Corée du nord. Les frontières ne ressemblaient plus à rien, et après beaucoup de temps, d'efforts et de pertes, il rejoignit ce groupe qui avait réussi, par dieu sait quels moyens, a fondé un semblant de société.

► NAIN MAIS PAS VILAIN

S'il se bat aujourd'hui, c'est pour faire ce qu'il n'avait pas réussi à faire : protéger les autres. Même s'il savait que la mort de sa famille n'était pas de sa faute, il ne pouvait pas s'empêcher de culpabiliser. Cette culpabilité qui vous ronge, et qui vous rend belliqueux. Cette haine envers ces monstres qui le rend plus fort, plus rapide, mais peut-être pas assez lucide lorsqu'il se bat ? Il apprendra à ses dépends, comme il l'a toujours fait. A l'heure d'aujourd'hui, il ne veut que se rendre utile. Ne lui parlez pas de son passé, déjà qu'il n'est pas d'une nature très bavarde, il risque de devenir muet. Si à l'extérieur il est très efficace, à l'intérieur du camp c'est un jeune comme un autre. Il a ses sautes d'humeur, il a son sourire et son côté mignon. Mais il n'a pas de tact. Ces événements l'ont rendus plus sauvage qu'il ne l'était avant, et on ne peut pas vraiment le blâmer pour ça.